Histoire de l'Apple IIGS


L'Apple II GS, qui fût produit de 1986 à 1992, représente l'ultime évolution technique de la famille des micro-ordinateurs Apple II née en 1977 ; ce qui lui donne une place un peu particulière au sein de l'histoire de la micro-informatique.

Mais comment est né l'Apple IIGS ?

Si on retourne un peu dans le temps, en 1984 pour être précis, la société Apple se trouvait dans une situation financière délicate suite à la mise sur le marché de machines techniquement imparfaites et ne correspondant pas aux besoins des utilisateurs (Apple III et Lisa). En fait, à cette époque, ce qui lui permettait encore de gagner de l'argent c'était les machines de la gamme Apple II qui reposaient sur une architecture plus que vieillissante mais toujours fortement appréciée des utilisateurs. Aussi, pour ne pas se laisser trop distancer, Apple décide de lancer en 1984 une nouvelle machine : le Macintosh. Le Macintosh avait pour objectif de lutter contre l'hégémonie du PC et il faut bien reconnaître qu'il avait de nombreux atouts pour y réussir. Malheureusement, un prix élevé et des techniques commerciales incohérentes ne permirent pas de diffuser la machine comme prévu sur le marché ; continuant à faire de l'Apple II la véritable source de revenus d'Apple. Malgré le fait qu'Apple avait décidé de tout miser sur le Macintosh au détriment de l'Apple II il apparût bien vite au dirigeant qu'il fallait envisager de faire une évolution de l'Apple II pour l'adapter aux autres concurrents du marché dans le cas où le Macintosh serait un échec commercial.

Au départ, la machine qui devait succéder à l'Apple II, connu sous le nom de projet Apple IIx, devait être une machine évolutive capable d'utiliser plusieurs processeurs différents à l'aide de multiples cartes d'extension optionnelles (65C02 comme l'Apple II alors en production, 68000 comme le Macintosh afin de permettre de faire un "pont" entre l'Apple II et le Macintosh, 8086 comme le PC, etc.). Cette volonté d'avoir une seule machine capable de tout faire entraîna tellement de difficultés techniques (le coût de la machine était trop important sans parler des problèmes de mise au point) qu'Apple décida d'en abandonner assez rapidement le développement pour se concentrer à nouveau sur le Macintosh.

Malgré cet "échec", le projet Apple IIx fût riche d'enseignements pour Apple. Ainsi, au coeur de l'Apple IIx se trouvait un processeur 16 bits (le 65C816) capable d'émuler à 100 % le processeur 65C02 qui était alors le coeur des Apple II. C'était en fait le processeur idéal pour faire évoluer l'Apple II du 8 bits au 16 bits aussi bien du point de vue technique (pas besoin de tout refaire) que du point de vue des utilisateurs (réutilisation possible de leur existant). Malgré ces excellentes dispositions, les débuts de ce processeur furent très laborieux car il ne faut au départ utilisé qu'en très petites quantités dans l'industrie militaire et surtout il avait de nombreux problèmes techniques qui demandèrent beaucoup de temps de mise au point. Ainsi, les deux premières séries de processeurs reçues par Apple étaient complètement inutilisables et ce n'est qu'à partir de la troisième série que les choses s'améliorèrent vraiment.

La fin du projet Apple IIx fut aussi à l'origine de la création d'éléments très importants pour le futur Apple IIGS. Ainsi, des membres de l'équipe projet reçurent pour mission de réduire les coûts de production des Apple II et notamment de l'Apple IIc travaillait sur un nouveau circuit capable de contenir, dans un seul boîtier, l'ensemble des fonctions d'un Apple II : c'était le Méga II qui se retrouva par la suite au coeur de l'Apple IIGS.

En fait, l'année décisive pour la création de l'Apple IIGS fut l'année 1985. Cette année là, après avoir fait un certain nombre d'autres activités et surtout après avoir terminé ses études à l'université Berkeley en Californie, Steve Woz, l'inventeur de l'Apple II (avec Steve Jobs), revient travailler chez Apple après avoir quitté la compagnie quelques années plus tôt. Lorsqu'il arriva dans la compagnie, tous les ingrédients étaient réunis pour créer une nouvelle machine mais il fallait encore rassembler les différents éléments. Ce fut le travail de Steve Wozniak pour qui la création d'un successeur à l'Apple II sorti en 1977 représentait un véritable défi.

Dès le départ, les idées de Woz sur la machine étaient très claires : offrir une machine puissante, capable d'exécuter tous les programmes existants pour l'Apple II, capable de fonctionner en réseau, capable de disposer d'une interface graphique et surtout capable de satisfaire les besoins des possesseurs d'Apple II. Sur ce dernier point, après analyse de la gamme existante, il apparût clairement à Woz que les utilisateurs désiraient, outre la puissance et la convivialité, disposer d'une machine facile d'utilisation (comme l'Apple IIc qui disposait de tous les connecteurs nécessaires et surtout de toutes les extensions les plus diffusées) mais aussi d'une machine ouverte qui pouvait s'étendre facilement à l'aide de cartes d'extension comme dans l'Apple IIe. Ces contraintes étant prises en compte, il restait à savoir quelles nouvelles fonctionnalités apporter aux utilisateurs.

En fait, après avoir fait un petit tour d'horizon du marché, il fût très vite évident que ce qui manquait le plus cruellement à l'Apple II de l'époque c'était des capacités graphiques et sonores capables de rivaliser avec les machines de la concurrence. Au niveau du graphique, il fut d'abord décidé de donner accès à un mode du type 640x400 pixels. Malheureusement, à cette époque, afficher une telle résolution nécessitait à la fois d'avoir une quantité "importante" de mémoire vive mais aussi d'utiliser des moniteurs spécifiques assez coûteux. Aussi, il fût rapidement décidé d'abandonner ce mode pour une résolution d'écran beaucoup plus viable économiquement : le 640 x 200 pixels en 16 couleurs.

Pour ce qui est du son, l'équipe projet s'orienta au début vers une sortie son classique digne des consoles de jeux de l'époque. Heureusement, un membre de l'équipe projet insista très fortement auprès de la direction d'Apple pour que l'Apple IIGS se démarque de la concurrence en donnant à ses utilisateurs une expérience unique à travers l'utilisation d'un processeur sonore Ensoniq qui à l'époque était utilisé dans certains synthétiseurs professionnels. Ce choix permis à l'Apple IIGS d'offrir une qualité sonore qu'aucun de ses concurrents ne pouvait offrir à l'époque (64 Ko de Ram sont dédiés au son sur l'Apple IIGS ; ce qui, pour l'époque, était assez extraordinaire). Pour la petite histoire, il faut savoir qu'Apple essuya lors de la sortie de la machine un procès de la part d'une société de disques justement à cause de l'intégration ce processeur Ensoniq. Ce procès, qu'Apple perdit, eu des conséquences pendant de nombreuses années sur la compagnie.

Ces nouvelles capacités sonores et graphiques étaient tellement différentes de ce que les utilisateurs avaient rencontrés jusque là qu'elles donnèrent leur nom à la machine : Graphiques et Sons (GS).

Au niveau du cœur même de la machine, Woz pris rapidement la décision de ne pas compliquer inutilement la nouvelle machine du point de vue technique. La conception d'une machine utilisant plusieurs processeurs comme ce qui avait été prévu pour l'Apple IIx fut ainsi vite abandonnée au profit d'un processeur unique (le 65C816). Quand à la contrainte d'émuler à 100 % les "anciens" Apple II, celle-ci fût résolu en décidant de scinder la machine en deux partie : une partie "lente" avec 128 Ko de RAM "lente" pour l'émulation des anciens Apple II et une partie "rapide" avec 128 Ko de RAM "rapide" pour le mode Apple IIGS (cette partie pouvant utilisé aussi les 128 Ko de RAM dite "lente". Pour répondre aux besoins des utilisateurs, il ne suffisait plus alors que d'inclure des slots d'extension (comme dans les Apple IIe "classique") et un certain nombre de connecteurs pour pouvoir rendre la machine directement utilisable par les utilisateurs.

Parmi ces connecteurs, il en a quelques uns qui mérite un peu plus d'attention de notre part. Ainsi, le connecteur du clavier est du type ADB (Apple Desktop Bus) qui était en fait la même interface clavier que sur les Macintosh qui sortirent peu après l'Apple IIGS. Ceci avait en fait deux avantages : permettre une standardisation au niveau de la production mais aussi intégrer à moindre coût la gestion de la souris et permettre aussi d'envisager d'autres extensions par la suite. Au niveau pratique, ça permet aussi d'utiliser facilement un clavier de Macintosh sur un IIGS et réciproquement.

Deux autres connecteurs intéressant sont les sorties séries de type RS-232-C qui avaient été prévues pour permettre aux utilisateurs de connecter leur imprimante tout en s'intégrant dans un réseau série de type LocalTalk (réseau spécifique d'Apple) ; l'intégralité du hardware nécessaire étant intégré sur la carte mère de la machine. L'intégration du LocalTalk s'explique par le fait que l'équipe en charge de son développement a travaillé pendant longtemps à côté de l'équipe en charge du projet Apple IIGS et qu'il leur fallait trouver des terrains d'expérimentation...

Enfin un des derniers connecteurs intéressant est le SmartPort qui permet en fait de connecter à l'Apple IIGS aussi bien des drives 5,25" (disquettes souples) que des drives 3,5" et de réutiliser, sous certaines conditions, tous les drives compatibles avec les autres machines de la gamme Apple II (y compris le double lecteur de disquettes 5,25" duodrive). Cette unité, assez unique dans son genre, a été prévue pour pouvoir gérer jusqu'à six unités de disquettes externes. Ce choix technique s'explique par le fait que Woz voulait que, pour les utilisateurs existants d'Apple II, le passage vers la nouvelle machine se fasse le plus facilement possible; Mais il s'explique aussi par le fait que tous les éléments permettant de réaliser ces gestions de ports disquettes existaient déjà sur les anciens produits de la gamme Apple II ; ce qui permettait de réduire d'autant les coûts de développement.

Pour ce qui est de la vitesse du processeur, le choix d'une vitesse maximale de 2,8 Mhz qui a été fait au moment de la conception correspondait autant à un choix commercial qu'à un choix technique. Du point de vue technique, le processeur pouvait monter sans peine jusqu'à 16 Mhz mais le fournisseur, par manque de moyens de test adaptés, ne le certifiant que jusqu'à 4 Mhz, Apple de prendre une fréquence de base pour le processeur inférieure à cette certification. Du côté commercial, le vrai problème était que chez Apple, le nouvel Apple IIGS risquait de concurrencer, avec une vitesse de processeur plus importante, le Macintosh qui, à l'époque, ne disposait pas encore d'écran couleur et dont la résolution graphique et surtout sonore était loin d'égaler celle de l'Apple IIGS. Cette vitesse maximale de 2.8 Mhz resta, tout au long de la vie commerciale de l'Apple IIGS, une véritable lacune pour la machine ; ce qui explique en grande partie le succès des cartes accélératrices qui furent proposées par des fournisseurs autres qu'Apple (ZipGS et Transwarp GS par exemple). Toujours au niveau de la vitesse du processeur, une particularité de l'Apple IIGS réside dans le fait qu'en mode émulation, le processeur est capable de fonctionner à 1 Mhz.

Pour être tout à fait complet, il est intéressant de noter que la décision finale concernant le boîtier de la nouvelle machine n'a été prise que très tardivement expliquant la présence de différents connecteurs sur les cartes mères. En fait, pendant longtemps, il avait été prévu de vendre la machine majoritairement comme un kit d'upgrade à mettre dans des boîtiers d'Apple II classique, favorisant ainsi d'autant plus son adoption auprès des utilisateurs d'Apple II. Mais, l'Apple IIGS n'était pas qu'une machine de remplacement, elle se devait être aussi une machine de conquête et posséder à ce titre un boîtier spécifique lui permettant de se démarquer clairement des autres machines de la gamme.

Maintenant que nous avons fait un peu un historique permettant de mieux comprendre les choix hardwares qui ont conduit à l'Apple IIGS, nous allons nous tourner un peu plus vers la partie software. Dans ce domaine, l'élément le plus important dans une machine est la ROM qui contient toutes les fonctions natives de la machine. De ce point de vue, le développement de la ROM de l'Apple IIGS s'est effectué grâce à une aide précieuse fournie par le responsable du développement de l'environnement graphique du Macintosh qui était trop heureux de pouvoir enfin travailler sur une machine couleur. Ceci explique les similitudes entre les deux environnements et surtout l'intégration d'un ToolBox (boîte à outil) dans la ROM dès le lancement de la machine alors que celle-ci ne disposait pas d'un vrai système d'exploitation graphique.

A côté de cette Toolbox, Woz a rajouté un panneau de configuration de la machine accessible à tout moment par l'utilisateur. Ce panneau de configuration, doté de nombreuses possibilités, permettait aussi bien de changer la vitesse de la machine, pour la faire passer en mode émulation Apple II, que de changer les langues utilisées pour le clavier ou l'écran, de configurer les ports ou encore de configurer le RAM Drive (simulation d'un espace disque en RAM ; uniquement utilisable en mode émulation Apple II). En bref, un outil formidable pour les utilisateurs. Mais, l'utilisation de cet outil entraînait aussi la nécessité de sauvegarder quelque part la configuration machine des utilisateurs ; d'où l'ajout d'une pile sur la carte mère pour sauvegarder les informations hors tension. Une fois l'ajout de cette pile décidée, il est très rapidement apparu évident aux différentes personnes du projet qu'il fallait aussi ajouter une horloge temps réel à la machine ; ce qui fût fait lui ajoutant par la même occasion une fonctionnalité très importante pour les professionnels. Pour la petite histoire, il est intéressant de noter que l'ensemble du software nécessaire au fonctionnement du panneau de configuration a été développé en France et que la première version du logiciel qui a été fournie à Apple était uniquement en français.

Toujours pour la petite histoire, pour se protéger des éventuelles "fuites", il fût décidé de désigner en interne la nouvelle machine par des noms de code qui changèrent en fonction du temps et des événements. Ainsi, sur les documents internes d'Apple le projet Apple IIGS fût désigné par les codes suivants : IIx, GSX, VEGAS, RAMBO, GUMBY, CORTLAND, COURTLAND, COLUMBIA, BROOKLYN BRIDGE, GOLDEN GATE BRIDGE, PHOENIX, MAD MAX et COBRA.

Enfin, en 1986, l'Apple IIGS était prêt à être montré au public ; ce qui fut fait le lors de l'Equinoxe d'automne au Flint Center du campus du college De Anza à Cupertino. Lors de ce show de lancement qui dura plusieurs heures, Steve Woz annonça que les 5000 premières machines qui allaient être livrée seraient une édition spéciale signée par Steve Woz lui-même et accompagné par un certificat "d'authenticité" et d'une lettre d'accompagnement de Steve Woz. Finalement, afin d'accompagner au mieux le lancement de la machine, ce ne furent pas 5000 machines qui reçurent la signature de Woz mais 10000 ; ce qui explique que cette version limitée soit, encore aujourd'hui, assez facile à trouver.

Le prix de lancement de l'Apple IIGS, dans sa version dite "ROM 00", fût fixé sur le marché américain à 999 USD pour la machine avec un drive 3,5" et à 500 USD pour le kit d'upgrade. Ce kit d'upgrade, qui permettait de passer d'un Apple IIe vers un Apple IIGS en changeant la carte mère, le panneau arrière de la machine et le logo, rencontra un succès plus que mitigé auprès des utilisateurs de l'Apple II malgré le fait que les premières versions étaient, elles aussi, des éditions limitées "Woz". Ceci explique pourquoi cette machine est si difficile à trouver de nos jours.

Commercialement parlant, Apple, pour qui l'avenir s'appelait "Macintosh", ne fit que très peu d'annonces autour du nouvel ordinateur en se limitant bien souvent à ne faire que quelques publicités dans des revues pour les utilisateurs d'Apple II. En fait, pour Apple, le IIGS était surtout destiné au marché américain de l'éducation qui à ce moment là préférait utiliser l'Apple II au Macintosh pour des questions d'évolutivité (possibilité de rajouter des extensions). Ce qu'Apple voulait surtout c'est d'éviter de perdre ce marché avant d'avoir réussi à imposer le Macintosh.

Ceci explique, avec aussi un prix de vente assez élevé, les débuts plutôt difficile de la machine auprès des utilisateurs car son positionnement en faisait plus une machine de migration entre le monde de l'Apple II et le monde du Macintosh qu'une réelle machine de conquête. Ainsi, en France, les ventes et l'engouement des utilisateurs d'Apple II démarrèrent plutôt bien à travers différentes offres de reprises proposées par Apple. Mais très rapidement, le manque de logiciels et le manque de support d'Apple face à la concurrence féroce de l'Atari ST et de l'Amiga 500 confinèrent la machine à un rôle de figuration sur le marché micro-informatique français malgré toutes ses qualités techniques.

De 1986 jusqu'à l'arrêt de sa production, l'Apple IIGS connût deux évolutions :

  • En septembre 1987, avec la sortie de la version "ROM 01" qui corrigeait un certain nombre de bugs dans la ROM et quelques problèmes d'affichage sur certaines machines. Ces modifications rendaient impossible l'utilisation des systèmes d'exploitation de l'Apple IIGS inférieurs à la version 2.

  • En août 1989 avec la sortie de la version "ROM 03" qui intégrait de nombreuses modifications de la ROM (celle-ci passant de 128 Ko à 256 Ko) et surtout qui faisait passer la mémoire intégrée sur la carte mère de 256 Ko à 1 Mo. Au niveau de la ROM, les modifications consistaient surtout à apporter de nouvelles fonctionnalités à la Toolbox, de rendre l'utilisation du port LocalTalk plus facile, de faciliter l'utilisation de la machine aux personnes handicapées, de permettre l'utilisation de la souris à partir du clavier (du pavé numérique pour être précis) et d'améliorer la gestion du son et de la vidéo. Toujours au niveau de la ROM, une autre fonctionnalité plus amusante qu'utile apparaît en appuyant, lorsque le système affiche au boot le message "Check startup device", sur les touches "CTRL" + "Pomme ouverte" + "Option" + "N". A ce moment, vous entendrez les membres de l'équipe chargée du développement de l'Apple IIGS crier "Apple II" pendant que les noms des membres de l'équipe projet défileront sur l'écran. Remarque : si vous exécutez sur votre machine un GS/OS supérieur ou égal à la version 5.0, vous pouvez obtenir un résultat similaire en appuyant simultanément sur les touches "Option" et "Shift" tout en cliquant sur le menu "About" du Finder. A ce moment, vous entendrez crier "About the system". Sinon, au niveau Hardware, la "ROM 03" se caractérise par la suppression, sur la carte mère, des connecteurs prévus pour l'intégration du système dans un boîtier classique d'Apple II.

La dernière évolution du système, qui ne vit jamais le jour commercialement était la version "ROM 04" ou version "Mark Twain" dont les principales caractéristiques étaient d'intégrer un lecteur de disquette 3,5" dans le boîtier en façade, un connecteur SCSI sur la carte mère et 2 Mo de RAM en standard sur support SIMMs. Cette évolution, qui ne révolutionnait en rien le concept de l'Apple IIGS, arriva trop tard pour pouvoir renverser la tendance ; Apple préférant ne garder dans sa gamme que l'Apple IIe qui se vendait alors beaucoup mieux que l'Apple IIGS. En fait, la décision d'arrêter l'Apple IIGS fût prise par Apple durant l'été 1992 et la production s'arrêta définitivement en décembre 1992.

Dans la stratégie Apple, cet arrêt de l'évolution de la gamme Apple IIe s'explique par le fait que tous les efforts étaient mis sur le Macintosh et qu'avec la carte d'émulation Apple II et la nouvelle version du système d'exploitation de l'Apple IIGS (le GS/OS 6.0 qui sorti en mars 1993), les utilisateurs d'Apple II n'avaient plus de raisons de ne pas passer au Macintosh.

Si on peut effectivement reconnaître que l'Apple IIGS n'a pas été un franc succès auprès du public, il faut aussi prendre en compte que cette situation n'est pas uniquement le fait de la machine elle-même. En fait cet échec est, en partie, le résultat d'une décision délibérée de la part d'Apple qui en ne faisant que très peu de publicité autour de la machine et en décourageant les acheteurs et les développeurs à travers des lettres d'informations et des conseils aux vendeurs de machines Apple ne favorisait en rien les ventes de la machine…

Que ce serait-il passé si Apple avait décidé de supporter l'Apple IIGS commercialement et techniquement parlant. Nul ne peut le dire aujourd'hui mais ce qui est sûr c'est que la machine aurait certainement connu une toute autre histoire.